- Auteur.e.s :
- Anne Coppel
Dès 1986-1987, les femmes de la rue Saint-Denis ont tenté d’imposer le préservatif pour faire face au sida, mais leur situation se dégrade, la concurrence devient sauvage, elles n’ont même pas la Sécurité sociale. Aux portes de Paris, la situation est pire encore, les femmes doivent travailler sans sécurité et sans hygiène. Dans le cadre d’une recherche-action, elles s’adressent au ministre de la Santé : avec le préservatif, elles s’efforcent de « protéger la santé de tous »; encore faut-il que leurs droits, droit à la santé, droit à la sécurité, droits de « tout citoyen », soient reconnus. Il y a quelque chose de paradoxal à commencer l’histoire de l’association des usagers à la réduction des risques par le Bus des femmes, une action menée avec des femmes prostituées, d’autant que rue Saint-Denis, où l’action a été commencée, les usagères de drogues étaient tout à fait minoritaires. Mais l’action du Bus des femmes, une des premières actions de terrain, est exemplaire de la démarche qui, sous la menace de l’épidémie, a construit de nouvelles alliances – et il se trouve que des usagères de drogues y ont joué un rôle moteur. Le débat que l’action a suscité, les difficultés qui ont été rencontrées sont également exemplaires de la démarche de santé communautaire dans laquelle s’est inscrite la prévention du sida.