Une salle pour se shooter propre

par Olivier Doubre

Politis

 

À Paris, des associations ont présenté un lieu où l’on peut se droguer à moindre risque. Une simple démonstration puisque de telles structures sont interdites en France, malgré leurs avantages en termes de santé publique.

En plein Paris, le 19 mai, une « salle de shoot » a ouvert pendant quelques heures ! Exis- tant dans de nombreux pays, ce type de salle est désigné par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies sous le sigle SCMR, pour « Structure d’accueil avec possibilité de consommer à moindre risque des drogues psychoactives illicites ». Installée dans les locaux de l’association Asud (Auto-support d’usagers de drogues) à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, cette salle « de démonstration » – symbolique car illégale en France – a vu le jour à l’initiative d’un collectif (1) regroupant, outre ASUD, les associations de malades Act Up-Paris (lutte contre le sida) et SOS Hépatites, rejointes par Gaia (structure issue de Médecins du monde travaillant en direction des usagers de drogues) et surtout l’im- portante Anitea (Association natio- nale des intervenants en toxicomanie et addictologie). Des personnalités avaient en outre apporté leur soutien à l’initiative, dont le professeur Lowenstein, président de SOS Addictions, la sociologue Anne Coppel, présidente d’honneur de l’Association française de réduction des risques, et même le Mouvement des jeunes socialistes…

Un grand nombre de journalistes se pressaient ce jour-là pour visiter les quatre salles aménagées sur le modèle d’une salle d’injection suisse, Quai 9, qui fonctionne à Genève depuis 2001. Après le stand d’accueil recouvert de plaquettes de prévention, la seconde pièce est composée d’un bureau où un infirmier distribue le matériel stérile demandé par l’usager selon son mode de consommation (seringues, pailles ou pipe à crack) et de trois postes individuels face au mur avec, sur chacune des tables, du savon liquide, des crèmes cicatrisantes, des tampons imbibés d’alcool… Obligatoirement présent dans la pièce, l’infirmier peut à tout instant intervenir afin de prévenir les mau- vaises pratiques, en premier lieu celles susceptibles d’entraîner une conta- mination par le virus du sida ou les hépatites. C’est là le premier objectif d’un tel dispositif de santé publique : réduire les risques sanitaires pour les usagers de drogues en offrant un environnement propre, calme et des conseils appropriés. En effet, les usagers de drogues sont souvent contraints de se faire des injections dans l’urgence et dans des lieux peu hygiéniques, comme des parkings souterrains, des toilettes de café ou des cages d’escalier. Or, un autre intérêt d’une structure de ce type est jus- tement la sécurité et la tranquillité des riverains des quartiers concernés, en évitant ainsi la consommation de drogues dans les espaces publics ainsi que la dispersion de déchets potentiellement contaminants.

Enfin, un tel lieu est un outil privilégié pour les professionnels afin d’en- trer en contact avec des personnes souvent en grandes difficultés et les plus éloignées du système de soins. En rompant l’isolement dû à la clandestinité de l’usage de drogues, les soignants peuvent, d’une part, engager un dialogue et orienter les personnes dans une démarche de soins, et, d’autre part, être au plus près des pratiques et des réalités des usagers de drogues afin d’apporter les réponses les mieux adaptées. C’est pourquoi, dans les autres pièces du local, une assistante sociale reçoit les personnes qui en font la demande, à côté d’un cabinet médical où un médecin assure une consultation.

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