- Auteur.e.s :
- Anne Coppel
Autre question soulevée ici par quelques études, l’offre de produits. Cette approche est traditionnellement étudiée pour les psychotropes légaux, avec toute la gamme des réglementations, de l’interdiction de vente aux mineurs aux limites imposées aux stratégies marketing. L’offre de produits dans le marché illégal est peu étudiée, en grande part parce que la pénétration du terrain se confronte à des obstacles spécifiques, mais aussi parce que la volonté de connaître fait défaut. La lutte contre le trafic de drogues n’est pas évaluée sur ses résultats, ce que déplorent aujourd’hui les pays d’Amérique latine ravagés par ses conséquences contre-productives. Il faut donc saluer le travail d’Alain Tarrius sur la distribution de drogues chimiques aux adolescents. Le concept de moral area élaboré dans cette recherche rend compte des stratégies de trafiquants qui ont associé trafic d’êtres humains et trafic de drogues dans une aire géographique transfrontalière entre la France et l’Espagne et qui exploitent les défaillances des politiques sociales de protection des mineurs. Signalons aussi la recherche sur l’automédication des usagers de drogues à Dakar, recherche qui prend en compte l’offre de médicaments sur le marché illégal.
Cette recherche fait partie d’un ensemble de recherches qui accompagnent au Sénégal la mise en place de dispositifs de réduction des risques. Les sciences sociales, dont particulièrement les approches anthropologiques, ont joué un rôle majeur dans la phase expérimentale des dispositifs de réduction des risques. Et pourtant, très régulièrement, ces approches sont marginalisées. Le rôle des sciences sociales n’a rien d’assuré. Comme le constate un des articles publiés ici, l’expertise dans le champ de la santé est régulièrement confrontée à des logiques qui vont à l’encontre des acquis scientifiques, logique des lobbies pour l’alcool, le tabac ou les médicaments psychotropes, croyances collectives et préjugés, ou encore pour les psychotropes illicites, objectifs et pratiques des dispositifs de lutte contre les drogues. Opposées à la rigueur des sciences fondamentales, soupçonnées de complaisance, peu subventionnées, les sciences sociales n’en poursuivent pas moins leur développement : l’ambition de comprendre pour agir est tenace. En témoigne la qualité des travaux publiés ici.
Psychotropes, prévention et réduction des risques expose des éléments de compréhension scientifique des pratiques de consommation et des addictions aux substances psychoactives.
Différents thèmes sont ainsi développés : une approche historique et politique de la réduction des risques, la question des variabilités géographiques, les dimensions individuelles, les initiatives en matière de prévention. Les contributions proposées sont celles de chercheurs en sciences humaines et sociales comme de professionnels de la santé afin d’apporter un regard complémentaire tant au niveau des pratiques à risques que des stratégies d’intervention de prévention.
Cet ouvrage (Iste Editions, 2018) s’adresse aussi bien aux chercheurs qu’aux étudiants et professionnels s’intéressant aux problématiques d’addiction et à la prévention.
Description
This book promotes the interaction between research and professional practices in the field of prevention and harm reduction. Through the scientific work and experience of human and social sciences researchers and medical social actors, research and action assist one another in illuminating the problems associated with the consumption of psychotropic drugs and in developing intervention strategies.
Over the course of several chapters, contributed by attendees of the Psychotropics, Prevention and Harm Reduction Put to the Test By “Human and Social Sciences” workshop, a range of varied themes are explored within the scope of drugs and their uses.
Both the socio-historical context of drug uses and the construction of prevention and harm reduction public policies in light of scientific knowledge are covered, as well as the issue of release, mobilization and/or negotiation of prevention and harm reduction standards, both for professionals and drug users.
About the authors
Imaine Sahed completed her PhD in Sociology from École des Hautes Études en Sciences Sociales in Paris, France in 2016. Her research focuses on psychoactive substance consumption in youth and aims to understand the evolution of drug consumption during adolescence. She is interested in youth health research and promotion.
Antony Chaufton is a Clinical Psychologist and works in a health center, with both adults and adolescents who consume and abuse psychoactive substances. His interest concerns practices that are a risk to the physical, psychological and social body.